SÉLECTION « POLAR SNCF » ANGOULÊME 2017
Six ans après son dernier opus War Songs, Ivan Brun revient à la bande dessinée avec un récit ambitieux mêlant critique sociale, polar et fantastique.
Michel, jeune fonctionnaire borderline croise à Lyon Domingues, ancien mercenaire au Mozambique reconverti dans le proxénétisme. Quelques heures plus tard, le trafiquant se défenestre d'une tour du quartier de la Part-Dieu, entraînant Michel dans une dérive hypnotique. Shooté en permanence à un cocktail d'antidépresseurs et de côtes-du-rhône, celui-ci se retrouve, comme sous l'effet d'un sortilège, aspiré dans la vie passée de Domingues. Meurtres, trafic d'armes, réseau de prostitution, pillages et guerres civiles se révèlent à sa conscience implosée. On suit une sédimentation du récit alternant scènes africaines et errances lyonnaises. Le cortège d'atrocités que connaît l'Afrique postcoloniale est mis en regard avec la violence symbolique de la société occidentale, qu'elle instaure par le biais de l'urbanisme, du monde du travail ou encore de la psychiatrie. Submergé par ses démons, l'individu se désocialise complètement. Sa descente aux enfers est d'autant plus terrible qu'elle n'est pavée que de faits documentés.
D'un trait vif et charbonneux, Ivan Brun exprime toute la précision réaliste et politique de son travail à travers cette adaptation d'un roman de Tristan Perreton initialement publié en 2005.
Diplômé de l’École nationale des beaux-arts de Lyon, auteur de plusieurs albums sélectionnés au festival d'Angoulême, Ivan Brun a vu son travail incisif traduit dans de nombreux pays. Il est également illustrateur, peintre et musicien.
Également lyonnais, Tristan Perreton a collaboré activement à l'adaptation de son roman. Il est par ailleurs affichiste, musicien et éditeur.
« (…) Thriller érudit aux entrées plurielles (fiction, critique sociale et documentaire), Prof. Fall vous soumet à un régime parfois éprouvant — une constante dans les travaux d’Ivan Brun. L’amplitude du propos, sa dureté clinique et l’élégance du dessin confèrent à cette œuvre impressionnante une position particulière. »
Lire la chronique complète
Contrebandes
« (…) C’est mission impossible que de vouloir classifier Prof. Fall, l’ambitieux album fleuve signé Tristan Perreton et Ivan Brun. En effet, ce qui commence comme un récit intimiste sur la difficulté de vivre et l’aliénation engendrée par un environnement bétonné, se transforme petit à petit en une fable quasi-fantastique sur fond de réquisitoire à propos des enfants soldats et des diamants de sang qui financent les guerres sur le continent africain, le tout sans quitter la région Auvergne-Rhône-Alpes. Confus ? Sans réelle direction ? Même pas ! Le scénario, finement écrit, s’avère d’une solidité à toute épreuve. (…) »
Lire la chronique complète
Antoine Perroud, BD Gest'
« L'événement de la culture noire le plus fort de cette fin d'année, roman et cinéma confondu. (…) Une leçon de chaos. La verticale de l'angoisse et de la mort. »
Lire la chronique complète
François Angelier, Les Émois, France Culture
« (…) Son trait, où la hachure règne quand il le faut et assure le gris de son inspiration, où le sens de la séquence en remontrerait à bien des cinéastes, le classe de justesse du côté des réalistes ; car il y a toujours un brin de satire, voire un brin de fantastique dans son expression. Il joue avec génie sur la lumière, qui donne cette crudité féroce à des dessins où il se contente de portraitiser quelqu’un tel qu’il est tout en le mettant psychologiquement à poil. Du grand art, car il ne rate jamais un personnage secondaire, chacun est personnalisé dans son anonymat : on pourrait broder sur l’histoire de chacun, telle que cette photographie nous le livre. (…) »
Lire la chronique complète
Yves Frémion, Les Petits Miquets, Le Monde
« Ivan Brun, le trop rare auteur lyonnais, adapte brillamment un texte brûlant de Tristan Perreton. (…) Antidépresseurs, alcool, virées nocturnes dans des zones urbaines en déshérence, misère sexuelle, forment le quotidien halluciné du héros de Prof. Fall, un album qui prend littéralement aux tripes. »
Lire la chronique complète
Benjamin Roure, La bédéthèque idéale, Télérama
« (…) Un périple en bichromie brune, qui chemine entre les barres HLM de Lyon et les charniers africains, angolais ou mozambicains. (…) Un polar sombre et paranoïaque dont on peine à sortir. »
Lire la chronique complète
Charlotte Cieslinski, BibliObs
« (…) On désigne souvent, et de manière quelque peu abusive comme “romans graphiques” de classiques BD longuement étirées. Prof. Fall, qui se développe sur 175 pages, mérite parfaitement cette caractérisation, grâce à un texte ciselé, littéraire au meilleur sens du terme, qu’on lit effectivement comme un roman, aussi insolite que prenant »
Lire la chronique complète
Jean-Pierre Andrevon, L'Écran fantastique
« (…) Noir comme une nouvelle de J.-P. Martinet, le récit est entrecoupé des visions délirantes du protagoniste rongé par la solitude. Je ne saurais que trop vous conseiller le voyage. »
Jean-François Caritte, Le Psikopat
« (…) À la frontière entre l’ultra-réalisme, le documentaire (que la séquence se déroule à Lyon ou au Mozambique, l’impression de vérité sourd de chaque page) et le fantastique à la Maupassant, Prof. Fall tient autant de la déchéance magnifique que de l’ascension ténébreuse, dont Brun rend par ses hachures méthodiques les plus infimes nuances. (…) »
Lire la chronique complète
Vincent Raymond, Le petit bulletin
« (…) Un livre long et éprouvant, comme un interminable cauchemar à demi-éveillé, dans lequel Ivan Brun démontre un talent rare de mise en scène, avec un trait brut et une bichromie brune, jouant sur des images choc sans tomber dans le voyeurisme gratuit. (…) »
Lire la chronique complète
Benjamin Roure, BoDoï
« Vous êtes trop euphorique ? Prof. Fall est un livre pour vous dégringoler la morale. Le personnage principal est dépressif, paranoïaque, suicidaire. L'histoire nous mène à la réalité africaine. Tout finit mal, vous êtes guéri ! »
Willem, Charlie Hebdo
« (…) Ivan Brun troque son style faussement naïf et rond pour un trait beaucoup plus acéré et incisif, ancrant profondément ces pages dans une réalité sombre et poisseuse, et des cases insistant sur l’accumulation de lignes filant irrémédiablement vers la même perspective pour mieux symboliser le chemin tout tracé et uniformisé que l’on aimerait nous imposer. (…) »
Lire la chronique complète
PaKa, La rubrique à Brac
« Les mots manquent pour décrire l’œuvre de Tristan Peretton (roman paru en 2005) et Ivan Brun (dessin) : percutante dans son sujet, agressive dans son format, réaliste dans sa trame, écœurante par son approche, marquante à bien des égards… Prof. Fall est un album qui ne peut laisser indifférent, car il est profond et frappant. (…) »
Lire la chronique complète
Baptiste Lépine, aVoir-aLire.com
« (…) L’intrigue est impeccablement menée, complexe mais très lisible, non linéaire et truffée de citations bien choisies. La narration est maîtrisée, tout comme le style graphique qui privilégie les cadrages en biais et les ombres mouvantes afin que le lecteur expérimente l’angoisse du personnage, éprouvant un vertige similaire. Un très bon album extrêmement dense qui mériterait probablement une analyse bien plus longue et fouillée. »
Sofie von Kelen, L'avis des bulles
« (…) Brun et Perreton jouent sur le contraste entre le béton et la nature, entre le réel et l'imaginaire, entre la vie humaine sociale normée et les bassesses de l'être humain. C'est ce va-et-vient constant qui vous hante longtemps après avoir refermé cet excellent album ! »
Ronan Lancelot, DBD