Basé sur la contrainte oubapienne éponyme inventée par Alex Baladi, Ressac est une expérience de lecture.
Elle se construit sous les yeux du lecteur à partir du dialogue et de l’entrelacs des strips de Choi Juhyun et de L.L. de Mars. À chaque proposition narrative répond une autre qui vient s’intercaler dans la première puis s’en détacher pour faire naître une nouvelle séquence. L’ensemble compose une vague qui monte et se retire, formant un cycle dans lequel les éléments apparus dans les premières pages rejaillissent dans les dernières. D’un bout à l’autre de ce processus s’enchaînent les épisodes selon une mécanique proche de celle du rêve.
La rencontre entre les imaginaires de L.L. de Mars et Choi Juhyun a lieu, comme naturellement, dans la thématique liquide qui parcourt ces micro-récits et les relie entre eux. L’eau sous toutes ses formes — larmes, gouttes de pluie, fleuves serpentins — mais également le sang, les humeurs, et l’encre elle-même, forment un courant qui nous mène des paysages d’Orient aux sanctuaires de la culture occidentale.
Ressac est un récit tentaculaire, en perpétuelle mutation, qui parvient à mêler le questionnement des systèmes concentrationnaires à celui de sa propre alchimie. Du mystère chrétien à l’expérimentation scientifique, de l’onirique à l’organique, un nouvel élan surgit toujours d’un détail inattendu et nous invite à aiguiser l’œil.
« (…) L’alchimie fonctionne à plein. Graphiquement, les deux univers parviennent à communiquer et parfois à se fondre l’un dans l’autre. Juhyun Choi et L.L. de Mars exploitent tous deux les obsessions que l’on retrouve dans leurs œuvres respectives : persécutions, état de sièges, violences physiques chez la première ; symboles religieux, décomposition graphique du corps chez le second. L’absence de texte renforce le caractère gigogne des cases. La contrainte de Baladi facilite le déploiement du récit et l’emboîtement de ces deux mondes. Les vagues qui précèdent le ressac permettent aux auteurs d’enrouler leur œuvre sur elle-même, alors que l’ajout de nouvelles cases vient donner un effet de miroir à ces mouvements. La virtuosité se fait discrète et finit par s’effacer pour mieux exprimer l’imaginaire partagé des auteurs. (…) »
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Voitachewski, Du9
« (…) Descente cathartique aux origines, images d'un inconscient en mouvement perpétuel, définition d'une réalité psychique avec son propre mode de fonctionnement, désir profond d'un changement intérieur né d'une insatisfaction, l'onirique et muet Ressac invite à prendre le temps, à fantasmer ou rêver des mondes, à aiguiser le regard. Pour se laisser bercer, finalement, par le flot cadencé de chimères inattendues. Sans surprise, une œuvre libre et radicale pour l'impénitent L.L. de Mars et la surprenante Choi Juhyun, qui interroge la forme pour mieux faire émerger le fond. Une manière pour le lecteur de « s'immerger dans les eaux pour en ressortir sans s'y dissoudre totalement, sauf par une mort symbolique » (Chevalier, Gheerbrant). Un très beau concert à deux voix, catalyseur d'imaginaires. »
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Olivier Hervé, Planète BD
« (…) Proche de la mécanique du rêve, Ressac est un ovni dans le monde du 9e art. Si son approche semble délicate pour le lecteur, celui-ci comprend rapidement le mécanisme et est happé par cet album. Stimulant pour l’imagination, les multiples récits de L.L de Mars et Choi Juhyun sont convaincants. Graphiquement, il y a de nombreuses trouvailles qui pour certaines d’entre elles sont magnifiques. »
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Damien Canteau, Case Départ
« (…) Mais ce qui est intéressant, avant tout, dans cette démarche c'est le sentiment de totale liberté, complètement abstrait du récit, d'une quelconque chape éditoriale, des artistes qui se mettent au service du jeu, de l'acte de créer en se mettant quelque part en danger, remettant chaque fois leur travail entre les mains d'un autre et devant ensuite composer avec ce qui se présente !
Les éditions Tanibis, encore une fois, démontrent, avec leurs modestes moyens, qu'il savent encourager la création pure, indépendante ! »
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Fredgri, Sceneario.com