Ce terme désigne une personne de peu d’intérêt, un individu pas très fréquentable. Traduit de façon littérale, ce mot pourrait être interprété en français comme la « vie basse », les bas-fonds, la France-d’en-bas, où une population aux bas revenus mènerait une existence pathétique, dominée par ses bas instincts.
Lowlife est un recueil de récits courts réalisés entre 1996 et 2004 dans divers fanzines, comme Rhinocéros contre éléphant, L'incroyable Zlozlo, le fanzine slovène Stripburger, la revue italienne Blue ou la revue espagnole El vibora.
En dépit de leur apparente diversité graphique, ces récits sont mus par une logique implacable. Le motif récurrent est une misère structurelle d'où découle un néant moral et un désert affectif. Lowlife est un regard porté tour à tour sur les pays émergeants, les banlieues, l'individualisme contemporain, la dissolution des structures sociales et familiales… Contrairement aux représentations convenues qui nimbent la pauvreté d’une espèce d’idéal romantique, le lecteur est ici entraîné dans un panier de crabes où les protagonistes n’ont d’autre échappatoire que de reporter leur souffrance et leur frustration sur autrui. Le ton est cru, les images souvent dures témoignent d'une violence plus banale que spectaculaire.
Lowlife est le constat froid de la face noire de la modernité que nous masque la publicité. Le pamphlet articulé en plusieurs récits ne jugent pas les actes de ses protagonistes mais les circonstances qui les engendrent.
Pour servir le propos de l'auteur, Lowlife a été littéralement « emballé ». La couverture, le début et la fin du livre ont été imprimés sur du kraft d'emballage. Un livre « prêt à consommer », pourrait-on dire ! Bien que la majorité des planches de l'album soit en noir et blanc, une impression en bichromie a été réalisée pour respecter la qualité picturale du travail d'Ivan Brun. Certaines planches ont même été réinterpretées sous l'oeil de l'auteur. Le tout est ponctué d'illustrations imprimées sur kraft qui scandent le tout en quatre chapitres cohérents, quatre facettes de la misère et de ses conséquences. Le recto plutôt anodin de ces illustrations révèle au verso l'envers malsain de la situation, tout comme le font d'ailleurs la couverture et le dos de l'album.
« Un album aussi beau que dur. »
Willem, Libération
« (…) Les éditions Tanibis (anciennement Thot l’ibis, éditeur de Rhinocéros contre éléphant) (…) publient donc avec Lowlife un implacable recueil. Implacable car chaque histoire, chaque vision de notre monde offerte Ivan Brun est triste, violente, ses personnages perdus, égoïstes… Outre l’existence d’un réel regard de l’artiste, ce qui marque le lecteur dans Lowlife, c’est la variété et la richesse des styles graphiques utilisée par ce dessinateur aux multiples talents puisqu’il est également peintre et musicien rock. Et la beauté de l’objet qu’est ce livre : la plupart des dessins qui s’intercalent entre les pages de bandes dessinées sont imprimés sur du papier kraft du meilleur effet. Un livre et un auteur à part. »
Vincent Henry, BD Sélection
« En ces heures où le consensuel médiatique nous envahit, la publication d’un album aussi corrosif que Lowlife constitue un antidote salutaire qui nous aidera à reprendre contact avec la réalité dans ce qu’elle a de moins aimable.
(…) Le ton adopté est aussi varié que les thèmes abordés, faisant parfois rire jaune le lecteur, pour mieux lui asséner quelques vérités statistiques (les coûts comparés d’un sac de riz et d’un seul M16) ou donner la parole à une jeune femme à l’avenir professionnel aussi bouché qu’un périphérique un vendredi à la sortie des bureaux.
Les qualités graphiques du travail d’Ivan Brun sont tout aussi évidentes, que ce soit par la variété des styles ou leur maîtrise. Du trait noir & blanc aux planches en bichromie, du dessin réaliste au presque cartoon, les personnages de Lowlife acquièrent tous en quelques cases une vraisemblance que leur envieraient nombre de personnages de fiction. La mise en scène et le découpage sont sobres et solides, manifestement au service des propos de l’auteur.
Enfin, l’éditeur a lui aussi bien fait les choses : ce livre est un bel objet. Sous une couverture sur papier kraft, l’album est ponctué de pauses pleine page sous forme de dessins eux aussi sur papier kraft et dont, jolie idée, le contre-champ est dessiné au verso de la feuille, offrant une respiration bienvenue.
Lowlife est un album à faire lire à tous les thuriféraires de notre société ultra-libérale où la seule liberté risque de n’être que celle de crever la bouche ouverte, de préférence sous l’oeil des caméras qui se chargeront d’alimenter l’opium du peuple qu’est la télévision, version renversée du panoptique destiné à surveiller tout un chacun, un Grand Frère qui, bien évidemment, ne nous veut que du bien. (…) »
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François Peneaud, Actua BD
« Rares sont les albums à peindre la société d'une façon aussi brutale que l'a fait Ivan Brun avec Lowlife un album qui regroupe sous une édition de luxe (papier kraft et impression en bichromie) une vingtaine de courts récits parus dans divers fanzines entre 1996 et 2003. Dès les premières histoires, le ton est donné avec un humour très noir et cynique. Ivan Brun n'a pas peur de s'attaquer à la politique, à l'armement ou à la dérive sociale, là où d'autres se seraient arrêtés, il enfonce le clou, et nous prouve à quel point l'humain est dangereux pour lui-même. Côté dessins, c'est une véritable démonstration de talent, à travers un style humoristique ou sérieux, à travers des crayonnés, des aplats de peinture ou du noir et blanc. Parfait et satirique, Lowlife est à posséder de toute urgence. »
Philippe Duarte, Underground Society Webmag
« Ivan Brun, dessinateur lyonnais d'obédience punk et diplômé RMIste des beaux-arts, aime l'esthétique des détritus. Le fessier à peine posé sur sa chaise, son regard est difficilement saisissable, fuyant. Comme pour scruter les moindres faux pas, bassesses et bas instincts d'un de ses contemporains. Son dernier recueil d'illustrations, Lowlife (éditions Tanibis) en est l'apologie. Aigre et brutal, cet enchevêtrement d'images troublantes et nauséeuses est attisé par un ton cru et un coup de crayon protéiforme et brillant. C'est beau mais c'est pas la fête. Les illustrations, réalisées sur une période de quatre ans, ont déjà été publiées dans pas mal de fanzines dont l'Incroyable Zlozlo.
Accro à l'encrage noir et blanc mêlé de quelques larmes de ciguë, l'auteur s'explique sur le caractère plombant de sa bd : "Je montre que la misère ne rend pas les gens forcément sympathiques. C'est un cercle vicieux, les gens ont une vie de merde et la reportent sur les autres. C'est un milieu où règnent la médiocrité, la jalousie et la rancœur, où l'on préfère retenir ceux qui essayent de s'en sortir." Les quatre chapitres abordent la vie en périphérie du monde, l'art et la culture, puis la misère affective. Avec un seul et même message : "ramener les gens sur terre, leur montrer la réalité telle qu'elle est, les attraper et leur mettre le nez dans leur propre merde." Sans doute la bande dessinée la plus dérangeante de l'année. »
Antoine Allègre, Lyon Capitale
« (…) Ah, dites, le dessin est enlevé, mais c'est pas gai, gai ! Bon, allez, ça vaut toujours mieux que de brûler des voitures ! »
Morvandiau, Ferraille
« (…) Recueil d’histoires courtes précédemment parues dans diverses publications peu accessibles au lecteur pas encore totalement immergé dans le monde de la bande dessinée underground, Lowlife est une réussite formelle dans un genre pourtant difficile. L’élégance du graphisme et de la maquette enveloppe avec classe un ensemble d’histoire amères, nauséeuses, flirtant d’un côté avec la virulence politique, de l’autre avec le réalisme fantastique. (…) »
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Loleck, Du9
« (…) La force et l'originalité de son talent tiennent dans ses constructions. Qu'elles interviennent par des processus discursifs où chacun est mis dos à dos, par ses illustrations recto/verso montrant le "revers de la médaille" de situations apparemment anodines, par l'accumulation de détails tirés des aberrations sociales de notre modernité (tel le premier récit Curriculum Vitae, et sa triste énumération de formations absurdes proposées à une jeune fille paumée), ou encore par une utilisation très particulière des dialogues sous formes de rébus, toutes ses constructions forment un savant jeu d'énonciation critique en images.
À celles-ci, il faut ajouter la plus forte, celle donnant à l'œuvre toute sa complexité et son ampleur : l'utilisation de signes et de détails géographiques multiples ne permettant jamais de situer le lieu de l'action. Ses critiques-fictions s'emploient en effet à construire des espaces où les personnages évoluent dans des lieux indéterminés, entre l'Asie, la France et ailleurs. En mélangeant régulièrement les territoires, Ivan Brun crée ainsi des rapprochements inattendus et intra elliptiques, les déplacements dans le temps et l'espace pouvant se produire au sein d'une même case ou par leurs raccords. Le constat ne dépend donc plus d'un contexte particulier mais s'étend en créant une représentation métaphorique inter contextuelle. La misère d'ailleurs contamine la nôtre, ne formant qu'une seule et grande désillusion planétaire. Certes, Lowlife n'a rien à apprendre de neuf sur le fond, mais on sait bien que ce qui compte c'est la forme, chose la plus dure à maîtriser. Et c'est bien là que réside tout le talent d'Ivan Brun. »
Jérôme Dittmar, Fluctuat.net
« (…) Autant dire que les planches (…) sont loin d'être complaisantes. Ton cru et images dures dénoncent la violence insidieuse car banale de la société actuelle. »
20 minutes
« (…) Dans ces histoires, il n'y a pas de pauvreté idéalisée, mais un ton cru, des images dures qui témoignent de la violence. L'auteur n'épargne rien à son lecteur : la violence, le sexe, a drogue, l'absurdité des relations sociales viciées par les enjeux économiques. (…) »
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Pierre Bouvier, LeMonde.fr
« (…) Un bel objet contestataire. »
Carole Jay, Prémonition